Sur l'écran, la forteresse de Bitche, en Lorraine, disparaît dans les flammes et la fumée de la bataille: Ce soir à 20h45 pour Arte, l'auteur et réalisateur Gérard Mordillat raconte la chute, à la fin de la guerre franco-prussienne de 1870, de cette place-forte édifiée par Vauban. Au départ, il ne s'agissait que de réaliser quelques séquences filmées sur les évènements de l'époque pour illustrer le parcours que les visiteurs sont invités à suivre dans le dédale de la véritable cité souterraine enserrée dans les énormes murailles de la citadelle. Déployant une ingéniosité démontrée dans "Corpus Christi" et "L'origine du christianisme", Gérard Mordillat est allé bien au-delà de cette modeste entreprise, réalisant ce qu'il appelle un "roman télévisuel" de deux heures 15, où il raconte l'histoire de la citadelle, de la guerre de 1870 et développe une réflexion sur la guerre en général. "Le cinéaste doit pouvoir exercer sa liberté intellectuelle", souligne-t-il. "Il n'est pas nécessaire de choisir un mode et de s'y tenir". Réfutant le terme de documentaire-fiction, il se réfère à Balzac, qui se considérait comme un historien, et souligne que son récit charrie "de l'histoire, de l'analyse, de l'interrogation, de la philosophie, de la stratégie et des scènes de vie". Principale trouvaille de l'auteur: la mise en scène d'un narrateur (Patrick Mille), soldat français du nom de Charles-Henri Mondel, perdu dans la bataille. Tout en combattant au côté de ses frères d'armes, il s'adresse au spectateur pour lui donner son sentiment et raconter l'histoire. C'est aussi lui qui, ramené à l'époque contemporaine, interviewe les historiens chargés de décrypter à l'écran cette page de l'histoire de France. Parallèlement, l'historien Hubert Walther se promène sur le champ de bataille de Reichshoffen, couvert de cadavres, et commente les détails de leur équipement.
Rédaction
22 novembre 2006
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