Une défaillance a touché l'étage supérieur de la fusée Ariane-5 emportant le satellite expérimental européen de télécommunicationss Artemis et le satellite japonais de télédiffusion directe BSAt-2b, qui se sont ainsi retrouvés sur une mauvaise orbite, a déclaré hier soir à Kourou (Guyane française) Jean-Marie Luton, président-directeur général d'Arianespace. En effet, suite à "un défaut de propulsion" de l'EPS (Etage à propergols stockables), après un lancement qui paraissait se dérouler tout à fait normalement, l'étage supérieur n'a pas réussi à placer ses passagers sur la trajectoire prévue. Ainsi, au lieu d'évoluer sur une orbite de transfert géostationnaire de 800 km au périgée et de 36.000 km à l'apogée, ils se trouvent sur une orbite beaucoup plus basse, de 200 sur 17.500 km. On ignore pour l'instant si les satellites sont récupérables. Les spécialistes sont plutôt optimistes pour Artemis, doté de deux moteurs réallumables, contrairement au satellite japonais, équipé d'un moteur à poudre qui ne peut être allumé qu'une seule fois. Pour toute opération de sauvetage, il faudra en effet avoir recours aux moteurs des satellites, normalement destinés à des corrections d'orbites. De toute manière, même récupérés, ils risquent d'avoir une longévité bien moindre par rapport aux dix années initialement prévues. La fusée Ariane-5 comprend deux "composites". Le composite inférieur est constitué de l'étage principal cryotechnique (EPC), alimenté en oxygène et hydrogène liquides, qui assure, pendant dix minutes, la propulsion du lanceur après le décollage. L'EPC est doté sur ses flancs de deux étages acélérateurs à poudre (EAP), qui l'aident pendant les deux premières minutes de vol. Au terme de son fonctionnement, l'EPC passe le relais à l'EPS, appelé à fonctionner à son tour pendant 18 minutes environ. "Cet étage est le plus simple de tout le système propulsif d'Ariane-5, il n'est doté d'aucune pièce mécanique et est donc en principe la partie la plus fiable du lanceur", note avec amertume un expert à Evry. La majeure partie des échecs d'Ariane est venue des moteurs cryotechniques, performants mais extrêmement compliqués. "Nous présentons nos excuses à nos clients", a déclaré M. Luton, dont les propos ont été retransmis en direct vers le siège d'Arianespace à Evry (Essonne). Les résultats des premières analyses et des chances de récupérer les satellites, a-t-il ajouté, seront présentés vendredi à 13h00 GMT, au cours d'une conférence transmise depuis Kourou.
Rédaction
13 juillet 2001
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