Dans "Weeds", une nouvelle série américaine euphorisante présentée sur Canal+ à partir de ce soir à 22h20, une jeune mère de famille d'une banlieue cossue de Californie se lance dans la vente de marijuana pour maintenir son train de vie, après la mort soudaine de son mari. Une fois encore, la télévision américaine se penche sur ces banlieues bourgeoises aux maisons vastes et pelouses impeccables pour mieux en souligner les turpitudes: des mères au foyers qui s'ennuient, s'épient et se jalousent, des époux adultères et des adolescents paumés. Mais le ton de "Weeds" ("l'herbe") est radicalement différent de celui de "Desperate Housewives", la série à succès de la chaîne cablée HBO diffusée en France par Canal+ et M6. Moins consensuelle que "Desperate Housewives", "Weeds", écrite par Jenji Kohan, se distingue par son insolence, son amoralité, une ambiguïté assumée et une tonalité presque sombre. Si les jeunes femmes de "Desperate Housewives" savent ce à quoi elles aspirent, "Weeds" montre des personnages face à la douleur et à leurs illusions perdues. Mais loin d'être déprimante, cette tragicomédie laisse le télespectateur dans un état de douce euphorie, grâce à la richesse des personnages et du scénario, et la drôlerie des dialogues, parfois très crus. Le premier épisode s'ouvre sur une réunion de parents d'élèves, où les mères de famille discutent de la suppression de boissons sucrées dans le distributeur de l'école. Les participantes supputent, à coups de petites phrases perfides chuchotées, sur l'état des finances de l'une d'entre elles, Nancy, dont le mari vient de mourir d'une crise cardiaque. Nancy, mère de deux garçons, s'est lancée dans la vente (illégale) de marijuana auprès d'une clientèle huppée, pour maintenir son train de vie. Mary-Louise Parker --couronnée du Golden Globe 2006 pour ce rôle-- prête son regard mélancolique à cette jeune veuve qui tente de se dépêtrer de ses contradictions. Elle aurait pu déménager dans un endroit moins chic, "devenir la vendeuse la plus âgée de Gap", mais elle a préféré rester dans sa maison, et s'est bricolé quelques règles de bonne conduite, comme celle de ne pas vendre à des moins de 10 ans. Autour d'elle évoluent ses deux enfants, son comptable (et meilleur client), son fournisseur (une matriarche implacable à la langue acérée), son beau-frère (glandeur invétéré et porteur de poisse) et Celia, que l'on peut ranger dans la catégorie des "pires meilleures amies". Celia, incarnée par Elizabeth Perkins, est une blonde impeccablement manucurée, obsédée par l'apparence, et dont le but est de rendre ses proches aussi frustrés et malheureux qu'elle-même. Aux Etats-Unis, la série, qui passe sur une petite chaîne cablée, Showtime, a été saluée par la critique et une deuxième saison est en cours de diffusion.
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