La fusion projetée entre les bouquets satellitaires CanalSat et TPS "répond à une certaine logique industrielle et commerciale", mais ne doit pas assécher les droits au détriment des concurrents, a indiqué lundi le président du Conseil de la concurrence Bruno Lasserre. Le Conseil a été saisi pour avis le 14 avril de cette opération. Il s'apprête à le transmettre dans quelques jours au gouvernement, qui disposera ensuite de quatre semaines pour se prononcer sur le rapprochement. Selon Bruno Lasserre, qui s'exprimait à l'occasion de la présentation du rapport d'activité du Conseil pour 2005, cette "intégration verticale" dans le secteur de la télévision payante "répond à une équation assez simple". "Pour pouvoir conquérir et satisfaire des téléspectateurs, il faut leur offrir des contenus attractifs et donc chers. Et pour pouvoir amortir les coûts d'acquisition de ces droits, qu'il s'agisse du cinéma ou du sport, il faut pouvoir maintenir le lien avec le consommateur final", a-t-il dit. Par ailleurs, a souligné Bruno Lasserre, dans les autres pays, on est passé de deux plate-formes satellitaires à une seule, la France étant "le seul pays dans lequel subsistait un duopôle de deux plate-formes". Il a cité à cet égard l'Italie, l'Espagne et le Royaume-Uni, où la fusion s'est faite sous conditions. Il a cependant mentionné deux "spécificités" françaises. La France est "le seul pays dans lequel le cinéma national constitue une offre premium", a-t-il affirmé, le cinéma français contribuant à 40% de la distribution des films en salle. D'autre part, il a insisté sur le développement "assez significatif en France" de l'ADSL, avec "un développement assez sensible des offres multi-play qui conjuguent vente de la téléphonie fixe, de l'internet et de la télévision". Selon Bruno Lasserre, le Conseil a une double exigence: "faire en sorte que ces pressions concurrentielles permettent de limiter le pouvoir acquis par le nouvel ensemble" (ndlr: regroupant CanalSat et TPS) et "faire en sorte que la concurrence bénéficie au consommateur final, que ce soit en qualité ou en prix". Selon lui, il faut également "faire en sorte que cette intégration verticale et la place très importante que va jouer le nouvel ensemble en ce qui concerne l'acquisition des droits n'assèchent pas ces droits au détriment des autres concurrents sur les marchés avals, notamment les chaînes éditrices, mais aussi les opérateurs qui vont distribuer la télévision payante par voie satellitaire, par le câble ou par l'ADSL". Tout en précisant que Vivendi, qui contrôle Canal+, a fait des propositions d'engagements "importants, variés et substantiels" à l'occasion d'une audition qui s'est tenue le 4 juillet, Bruno Lasserre a souligné que l'avis du Conseil, qui sera publié en même temps que la décision du ministère de l'Economie, sera "long" et "minutieux".
Rédaction
10 juillet 2006 à 03h00
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