Epoustouflante dans le rôle d'une femme endurcie, et arrogante, Catherine Jacob campe, dans "L'enfant d'une autre", une femme "riche, patronne, alcoolique et mal baisée", qui ne s'est jamais remise de la disparition de sa fille, enlevée à l'âge de six mois et diffusé ce soir sur ARTE à 20h40. Loin de ses rôles habituels légers et fantaisistes, Catherine Jacob apporte une crédibilité étonnante au personnage de Maud, qui croit reconnaître en Zita, une fillette de 11 ans, sa propre fille enlevée il y a 10 ans. En découvrant par hasard une tache de naissance sur le corps de Zita, Maud acquiert l'intime conviction que Zita est l'enfant qu'on lui a volé. Agressive et maladroite, Maud, femme d'affaires de 45 ans, va s'immiscer dans la vie de la petite fille, qui vit dans un cabanon avec sa mère, Johana, une jeune femme bohème et aérienne, interprétée avec grâce par Arly Jover. Pour cette ancienne toxicomane, "Zita" (jouée par Maéva Munoz) est la "petite flamme de vie" qui lui a permis de décrocher de l'héroïne. Sanglée dans son tailleur de femme autoritaire, Maud, "riche, patronne, alcoolique et mal baisée", comme elle se décrit elle-même à son ex-mari, va imposer sa présence à la fillette, flattée de ses attentions mais pas dupe de ce nouvel amour encombrant. "J'ai déjà une mère, vous n'avez qu'à être ma grand mère", lâche la fillette devant une Maud interloquée. Pour s'attacher les faveurs de la petite fille, Maud la couvre de cadeaux somptueux, téléphone portable, ordinateur, blouson de marque... Devant la fillette émerveillée par sa splendide maison à Valence, elle lui glisse à l'oreille "Tout cela sera à toi plus tard". Pugnace, Maud envisage même d'enlever "Zita" et de la cacher au Canada, où vit son ex-mari. Malgré l'intrigue dramatique de ce film tourné dans la région de l'étang de Berre (Bouches-du-Rhône), "L'enfant d'une autre" ne sombre jamais dans le tragique et le pathétisme. Bien au contraire. Cultivant l'humour à froid, le film conserve une certaine légèreté qui doit beaucoup aux comédiennes. Face au bulldozer Catherine Jacob, la comédienne Arly Jover interprète joliment une mère libertaire de 35 ans, qui joint les deux bouts en travaillant avec sa fille dans les vignes. A travers un duo étonnant de mères que tout oppose, la réalisatrice Virginie Wagon a voulu explorer "la question du lien maternel". "Je trouvais intéressant d'aborder un débat très actuel autour de l'adoption", explique la réalisatrice: "Qui est la vraie mère? Celle qui élève l'enfant ou celle qui le procrée?"
Rédaction
16 juin 2006
Arte › Autres articles à lire
Derniers coms
+ commentés
Forums