Le producteur et animateur Patrick Sébastien a annoncé qu'il allait publier mercredi un livre, "Putain d'audience" (éditions Florent Massot), dans lequel il met sur la place publique le fonctionnement de la télévision "qui l'a mené au bord du suicide". "Je ne dénonce pas: je raconte la réalité de la télé qui est le premier pouvoir dans notre pays, en conditionnant les gens et la société toute entière", a affirmé Patrick Sébastien, qui y voit une explication des grands problèmes du moment. "Je porte un regard lucide car je suis dedans depuis longtemps et je sais comment la télé fonctionne", a estimé l'animateur des émissions "Le plus grand cabaret du monde" et "Intime conviction" sur France 2. Seul le service public est épargné dans ce brûlot de 350 pages au style très direct, plein d'amertume et sans concession, passant en revue amitiés et inimitiés, dans un évident exutoire. "France Télévisions (ndlr: groupe public) offre le confort de l'impunité, avec une indulgence bienveillante, une soumission fataliste au résultat moyen. Je m'y sens plutôt bien", écrit notamment dans son livre Patrick Sébastien, qui souhaite que les téléspectateurs ne regardent plus la télévision comme avant. "Avant, la télé ne se découpait pas en parts de marché. Elle se découpait en parts de plaisir", selon l'animateur. S'en prenant essentiellement à TF1, Patrick Sébastien dénonce une télévision "miroir à cons". "Il suffit de ne pas s'y regarder", suggère-t-il au lecteur. "Je persifle et je signe: je prétends que l'hégémonie de cette chaîne (ndlr: TF1) est un danger pour mon pays", écrit-il encore. Revenant sur l'émission "Osons!" qu'il a présentée sur TF1 en 1995, et notamment sur un sketch controversé consacré à Jean-Marie Le Pen, Patrick Sébastien reconnaît que "s'(il) n'avait pas été persuadé que cette séquence était garante d'audience certaine, (il) ne l'aurait pas diffusée". "Ce jour-là, l'espoir de l'audience l'a emporté sur la prudence. Je veux dire que c'est là que j'ai compris que je m'étais fait +baiser+ par le système", explique l'animateur. "J'ai eu la conscience à temps de m'échapper d'un piège où bien d'autres sont tombés depuis", ajoute-t-il. Pourfendeur des émissions de télé-réalité, toutes chaînes confondues, Patrick Sébastien a déclaré à l'AFP qu'il reproche au Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) "de ne pas sanctionner l'exploitation de la dignité, et de préférer lui interdire d'annoncer à l'antenne dans quel théâtre (ses) invités sont à l'affiche". L'animateur-producteur confie encore dans son livre résister à des offres de rachat de sa société Magic TV avec "sécurité matérielle à vie". "J'ai choisi le maquis", écrit-il. Patrick Sébastien doit revenir à la chanson cet automne avec des textes engagés, abandonnant le registre de la gaudriole. ("Putain d'audience, la réalité de ma télé", éditions Florent Massot, 350 pages, 19,90 EUR)