"Gigi", nouvelle de Colette sur une jeune fille qui refuse son destin tout tracé de "poule de luxe", avait été adaptée au théâtre, en comédie musicale et transposée par Hollywood, mais pour la première fois avec l'adaptation télé "Mademoiselle Gigi", la comédienne a quasiment l'âge du rôle. Ce téléfilm réjouissant de France 3, diffusé ce soir à 20h55 ,tour à tour drôle ou grave, est réalisé par Caroline Huppert et porté par les jeunes épaules d'une comédienne spontanée et pleine de charme, Juliette Lamboley. Gigi est entourée de femmes, notamment de sa grande-mère, dite "Mamita" (Macha Méril) et de sa grande-tante, dite Tante Alicia (Françoise Fabian) qui réalisent une performance savoureuse. Alors que Gigi approche de ses seize ans, elles commencent à tirer des ficelles pour en faire une demi-mondaine de la Belle époque, c'est-à-dire une femme entretenue avec faste par un homme fortuné, jusqu'à ce qu'il s'en lasse. C'est compter sans l'esprit d'indépendance de la jeune fille, qui rêve d'une passion amoureuse comme celles des romans qu'elle dévore: "Anna Karenine", "Madame Bovary"... "Une vie à accepter un homme que je n'aime pas, c'est pire que la misère, c'est de l'esclavage !", clame Gigi, par opposition à son amie Lydie qui veut "vivre là où ça sent bon, là où ça brille, là où ça danse". Le téléfilm souligne le décalage entre ce qu'on enseigne à Gigi -comment découper un ortolan, comment reconnaître les bijoux de qualité, gage de revenus de ces dames pour leurs vieux jours- et le but moins convenable auquel préparent toutes ces bonnes manières. Gigi nourrit des sentiments pour Gaston Lagaille (Alexis Loret), un ami de la famille et riche héritier qui entretient une relation houleuse avec une demi-mondaine, Lola Courcelles (Shirley Bousquet). "Ce qui est génial avec Colette, c'est que c'est jamais des situations bateau", observe Macha Méril. Une fois n'est pas coutume, l'interprète de Gigi était plus jeune que son personnage, quatorze ans et demi au moment du tournage dans la région lyonnaise. "C'était difficile de confier le rôle à une fille de quatorze ans", explique Caroline Huppert, qui a auditionné 70 comédiennes et qui souligne le risque de "raconter une histoire pédophile". Mais "les filles de seize ans d'aujourd'hui font beaucoup plus mature", d'où le choix d'une fille "un peu plus jeune, pour garder ce côté innocence". L'esprit de la nouvelle est respecté, mais certains personnages quasi-inexistants dans le texte ont été étoffés, comme la mère de Gigi (Aurélie Bargème), dont le personnage a été puisé dans la vie d'artiste de Colette elle-même. Pourquoi avoir rajouté "Mademoiselle" au titre original ? "Parce que +Gigi+ a été déposé par les Américains", explique la productrice Françoise Castro (BFC Productions).
Rédaction
29 avril 2006
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