Dans sa case "Lundi investigation", la chaîne cryptée Canal+ propose ce soir à 20h55, 22 jours de galère, celle de Jean-Charles Deniau qui s'est mis pendant trois semaines dans la peau d'un "sans domicile fixe" (SDF) pour donner à voir ceux qu'on ne voit plus. "C'est un document du fait qu'on a enfin accès à un monde qu'on ne voit plus. Les SDF ne sont même plus des citoyens de seconde zone, mais ils appartiennent à un monde désormais invisible, qu'on ne voit plus", explique Emilie Raffoul, rédactrice en chef du magazine. "On a vécu cela au jour le jour, sans a priori. Il se trouve que cela s'est bien passé partout", souligne sans grandiloquence Jean-Charles Deniau. Le 20 décembre 2005, il referme sur lui la porte de son domicile avec pour tout bagage un duvet, une couverture, une lampe de poche, une cagoule, quelques livres et 25 euros en poche. Deux équipes de journalistes reporters d'images l'accompagnent, qui travailleront la plupart du temps en caméra cachée. Dès lors, le téléspectateur plonge sans fioritures dans un univers glauque, peuplé de fantômes (la plupart des visages sont floutés), au long d'un chemin de croix dont les étapes sont à la fois bien et mal connues: les camions des Restos du Coeur, le dépôt de Nanterre (Hauts-de-Seine), la soupe populaire, la Mie de pain, la péniche des Restos du Coeur, et bien sûr l'inévitable pont sur la Seine. "C'est un parcours particulier. Il faisait très froid. C'était une période de fêtes (ndlr, du 20 décembre 2005 au 10 janvier 2006). Nous avons rencontré beaucoup d'humanité. Les gens ont été plus gentils à cause de mes cheveux blancs", note Jean-Charles Deniau. "Le monde de la rue n'est pas forcément celui qu'on imagine, les difficultés ne sont peut-être pas là où on les attend", souligne de son côté Emilie Raffoul. Qui sait en effet que l'un des principaux soucis du SDF est de trouver un carton pour se coucher le soir ou d'échapper aux puces, omniprésentes dans les foyers d'accueil. La référence pour ce magazine est bien sûr "Tête de turc", publié en janvier 1986, pour lequel le journaliste allemand Gunter Walraff s'était fait passer pour un travailleur immigré. "Entre moi et un SDF, il y a un monde. Je savais qu'au bout de 22 jours je rentrerais chez moi: cela fait toute la différence", souligne Jean-Charles Deniau. Selon lui, plus de la moitié des SDF ne devraient pas être dans la rue, mais dans des centres spécialisés. "La rue, c'est un asile de fous sans les murs", conclut-il.
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