France Inter va donner la parole à des jeunes de Seine-Saint-Denis en leur ouvrant ses micros lors de plusieurs émissions tout au long d'une journée spéciale, où ils pourront "s'exprimer sur de multiples sujets et avec le temps nécessaire", a indiqué la radio. "Par le récit de leur quotidien, (...) par le regard qu'ils portent sur l'actualité et la société, c'est leur réalité" qui occupera "les ondes, sans complaisance ni a priori", a expliqué France Inter. Décidée au printemps 2005, bien avant les événements qui ont embrasé les banlieues à l'automne, démarrée en septembre, l'opération "Tous aux postes" sera à l'antenne après six mois de préparation dans des collèges et lycées de Seine-Saint-Denis, département symbole des zones urbaines difficiles. Qualifiés par France Inter de "partenaires et acteurs" du projet, quelque 300 jeunes âgés de 12 à 19 ans ont participé à l'opération, avec l'aide de leurs professeurs, de journalistes de la radio et le soutien de la Fondation 93, centre de culture scientifique et technique de Seine-Saint-Denis. A partir de 06H00 ce vendredi matin, ces jeunes auront la parole au travers de reportages qu'ils ont réalisés, de leurs témoignages, d'entretiens, de débats, chroniques, etc, enregistrés ou en direct, diffusés dans les tranches d'information ou les émissions de programme comme "Café Bazar" (10H05 à 11H00). En optant pour des mois de préparatifs, "notre volonté était d'essayer de permettre aux jeunes de se raconter en prenant le temps d'élaborer leur témoignage", a déclaré à l'AFP le journaliste Edouard Zambeaux, coordinateur de la préparation des jeunes. "On s'est obligé à passer par l'écrit dans 90% des cas pour qu'ils ne nous disent pas un truc au débotté, en bas de l'immeuble, parce qu'ils ont un micro devant le nez et pour qu'ils ne jouent pas au +jeune+", a-t-il ajouté. Parrainant "chacun cinq classes", trois journalistes de France Inter ont rencontré les jeunes "une fois par semaine ou toutes les deux semaines, sur le temps scolaire", a précisé M. Zambeaux. "Globalement, ces jeunes sont très méfiants vis-à-vis des médias. Les premières séances ont dû désarmorcer l'image un peu négative qu'ils ont des médias en général", a-t-il souligné. Les jeunes ont "enregistré des reportages tout au long de l'opération" et une soixantaine d'entre eux ont été réunis à la fin février lors d'un week-end de travail pour enregistrer des témoignages en studio afin de "sanctuariser cette prise de parole et ne pas donner l'impression de leur prendre des mots en passant", a-t-il indiqué. Par exemple aujourd'hui, deux reportages réalisés par les jeunes lanceront "Le débat économique" (à 07H15). Plus tôt, dans "Blogue à part" (06H24), Renée, 13 ans, d'origine camerounaise, élève à Pantin, évoquera la guerre que se livrent sur leurs blogs des jeunes de quartiers opposés. "Ces jeunes ne connaissaient pas France Inter, ce qui était très bien. Ils ne ressentaient pas du tout le poids d'aller porter leur parole" sur un grand média, a estimé M. Zambeaux, chargé de l'émission de reportages "PériphérieS" le dimanche à 13H20 sur France Inter et du magazine "Territoires de jeunesse" le samedi à 10H10 sur Radio France Internationale (RFI). Pour Gilles Schneider, directeur général de France Inter, "la mission du service public, c'est de faire entendre tout ce qui se passe dans notre pays et pas simplement de montrer la banlieue quand ça brûle".
Rédaction
17 mars 2006
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