Arte
 

Rédaction
5 mars 2006

Pourquoi les femmes restent-elles "absentes de la politique" en France alors qu'elles ont investi "en masse le monde du travail", s'interroge la réalisatrice Nathalie Borgers dans son documentaire "Où sont les femmes? Les Françaises et la politique". En 2000, quand l'Assemblée nationale vote la loi sur la parité devant permettre un accès égal des femmes et des hommes aux mandats électoraux, il n'y a sur les bancs de l'Hémicycle que 10% de femmes parmi les députés, contre 40% en Suède, 36% en Espagne et 32% en Allemagne, souligne le film. A l'Assemblée, "on est fondamentalement dans un univers masculin", non seulement "statistiquement" mais aussi en raison de cette "façon masculine de peser en termes de rapports de force", déclare l'ethnologue Marc Abélès à la caméra de Nathalie Borgers. C'est "un club d'hommes", résume-t-il. Avec son combat pour la loi dépénalisant l'avortement en 1974, Simone Veil a "beaucoup oeuvré pour changer les représentations de l'opinion publique" qui a alors "vu qu'une femme pouvait être extrêmement efficace et les gens se sont dit: +finalement, les femmes ont leur place en politique+", explique Mariette Sineau, politologue. Malgré la loi sur la parité, l'Assemblée nationale issue, en 2002, des dernières élections législatives reste très largement masculine avec seulement 12% de femmes députées, alors qu'on est passé "de 22% à 47% de femmes dans les conseils municipaux", souligne le film. Pour l'Assemblée, plutôt que de choisir la moitié de leurs candidats parmi les femmes, les grandes formations politiques ont "préféré payer des amendes, c'est-à-dire ne pas toucher l'intégralité" des aides publiques accordées aux partis, rappelle Mariette Sineau. "Quand ils ont investi des femmes, ils l'ont fait dans des circonscriptions qui étaient ou perdues d'avance, ou gagnables difficilement", ajoute-t-elle. Elue face à un homme réputé imbattable, Claude Greff, députée UMP, a gagné seule. Pendant la campagne électorale, "personne ne m'a soutenue", raconte-t-elle. "Si on veut aujourd'hui qu'il y ait plus de femmes, il va falloir que des hommes laissent leur place. Le débat est là", souligne Muguette Jacquaint, députée communiste.

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