"Pouvoir et télévision", un documentaire présenté sur France 5 à 20H50, décortique les liens de soumission, fascination ou méfiance qui unissent la télévision et le pouvoir politique depuis 1949 jusqu'à nos jours, à travers l'histoire du journal télévisé. Pour cette série de trois épisodes de 52 minutes produite par Capa, les réalisateurs Stéphanie Malphettes et Bertrand Delais ont interrogé des journalistes de l'époque et d'aujourd'hui, des historiens, des conseillers en communications et des responsables de chaînes. Leurs souvenirs sont confrontés aux images d'archives et plusieurs visions d'un même événement sont présentées, accompagnées d'un commentaire pédagogique et impertinent. Le premier épisode, "L'information aux ordres", démarre avec le premier journal télévisé, le 2 octobre 1949, alors que la France ne compte que 297 postes de télévision. La télé ne présente alors aucun risque pour le pouvoir mais tout change avec le début de la guerre d'Algérie en 1954 et la multiplication du nombre de postes. La tutelle du gouvernement sur le journal télévisé est officielle. Le directeur général de la Radio Télévision Française (RTF) explique alors que "quand on est à la télévision française, on exécute les ordres ou on s'en va", se souvient Joseph Pasteur, présentateur à l'époque. Aucune équipe n'est envoyée couvrir la manifestation des Algériens à Paris le 17 octobre 1961, très brutalement réprimée par la police et se soldant par des dizaines, voire des centaines de morts, selon les historiens. La censure et l'autocensure vont longtemps perdurer. Cependant, l'édifice commence peu à peu à se fissurer, avec la première élection présidentielle au suffrage universel en 1965: les Français découvrent l'opposition. Mais les téléspectateurs n'auront qu'une vue très partielle de mai 68. L'affaire des diamants de Valéry Giscard d'Estaing, président de la République, "est un tournant dans les relations entre le pouvoir et les médias", estime l'historien Jérôme Bourdon dans le deuxième épisode, "Le temps des alternances". Roger Gicquel, présentateur du JT sur la première chaîne, évoque alors pour la première fois une affaire qui met en cause le chef de l'Etat. Avec l'alternance et surtout le cohabitation, il devient difficile de contrôler les journalistes. La privatisation de TF1 engagée en 1986, qui ouvre le troisième épisode "A l'heure de la concurrence", bouleverse la donne. "Le curseur bouge. Avant, on avait des pressions politiques. Là, ce sont des pressions économiques", résume Bruno Masure, présentateur du JT de TF1 de 1988 à 1990. La course à l'audience modifie la représentation du politique à la télé : on donne plus de place à l'émotion et les hommes politiques viennent sur les plateaux des émissions de divertissement.
Rédaction
11 février 2006
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