Omniprésent depuis le début du mois de janvier sur le petit écran et à la radio, le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi a affirmé qu'il haïssait venir à la télévision et détestait la politique et son milieu. "Je n'aime pas aller à la télévision. C'est une chose que je hais", a-t-il déclaré, à la grande surprise de son interlocuteur, pendant une longue interview sur la chaîne d'informations en continu SkyTG24. "Je déteste la politique et son milieu", a-t-il ajouté. "Mais alors, pourquoi le faites-vous ?", lui a-t-il été demandé. "Parce que je voudrais faire savoir aux Italiens ce qui a été fait par le gouvernement pendant ces cinq années", a-t-il soutenu. "Je vous assure que je n'ai pas de plaisir à être ici, parce que j'ai beaucoup de choses à faire", a-t-il ajouté. A l'inverse, Silvio Berlusconi avait déclaré quelques jours plus tôt, au cours d'un face-à-face télévisé avec un dirigeant de l'opposition: "J'ai beaucoup de plaisir à participer à cette émission". Il avait revendiqué à cette occasion un crédit d'interventions au motif que pendant qu'il gouvernait, il ne pouvait pas "porter la croix et chanter en même temps". Le chef du gouvernement avait également expliqué qu'il multipliait les apparitions avant le début officiel de la campagne électorale pour les élections législatives du 9 avril, parce que la loi imposera alors l'égalité de temps de parole pour toutes les formations politiques. Le chef de l'opposition Romano Prodi a dénoncé cette omniprésence sur les chaînes de télévision et à la radio. Silvio Berlusconi lui a donné raison. Il a reconnu il y a quelque jours "s'exposer à une véritable overdose d'interventions à la télévision". Tribunes politiques, débats, shows populaires, émissions sportives: il est partout et n'hésite pas à s'inviter en téléphonant comme un simple auditeur. Homme de communications, propriétaire de trois chaînes de télévision, il est convaincu de pouvoir combler son retard sur l'opposition en multipliant les interventions sur les media audiovisuels. Il préfère toutefois être seul sur le plateau et de préférence face à un animateur plutôt qu'un journaliste. Il est en effet apparu mal à l'aise et sur la défensive lors de sa première prestation le 9 janvier, une confrontation avec deux journalistes, et le 20 janvier pendant son face-à-face avec Francesco Rutelli, le chef du parti de la Marguerite, deuxième formation de l'opposition. Mais ses longues interventions en solitaire lui ont fait commettre quelques impairs. Il a ainsi porté de graves accusations contre l'opposition, qu'il a ensuite été contraint de moduler, et, sans consulter ses alliés politiques, il a menacé lundi de faire reporter les législatives si le chef de l'Etat n'acceptait pas de retarder de deux semaines la dissolution du Parlement prévue le 29 janvier. "Berlusconi veut encore quinze jours pour occuper les télévisions, mais c'est une erreur, parce que l'overdose entraîne le rejet", a commenté mercredi Piero Fassino, dirigeant du parti des Démocrates de gauche (DS, ex-communistes), la plus importante formation de l'opposition. Les derniers sondages donnent une avance de 6 points à l'opposition, et Forza Italia, le parti de Silvio Berlusconi, plafonne entre 20 et 21% des intentions de vote, soit à 8 points des 29% obtenus aux législatives de 2001.
Rédaction
27 janvier 2006
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