Jacques Faizant, mort aujourd'hui à l'hôpital Foch de Suresnes, à l'âge de 87 ans, était l'un des caricaturistes français les plus populaires et un dessinateur aux convictions affirmées qui a croqué pendant plus de cinquante ans la classe politique dans Le Figaro. "Moi, je suis de droite, ça doit commencer à se savoir. Mon journal est de droite et mes lecteurs sont de droite, alors je fais des dessins de droite et puis voilà", déclarait le doyen des dessinateurs français qui a livré plus de 30.000 dessins au quotidien. Plusieurs personnalités de sa famille politique lui ont rendu hommage samedi. "Je perds aujourd'hui un ami cher", a déclaré le président Jacques Chirac, en saluant un "observateur éclairé et incisif de la vie politique". Le Premier ministre Dominique de Villepin a rendu hommage à "un amoureux de la France et un grand talent", un "homme franc aux idées affirmées". Pour le ministre de la Culture Renaud Donnedieu de Vabres, Jacques Faizant était "une figure marquante du dessin politique français", tandis que le président du FN, Jean-Marie Le Pen, s'est dit "attristé de perdre un ami". Vieilles dames outrées, hommes politiques en berne, vagabonds, ainsi que l'inusable Marianne, la maîtresse successive des présidents de la Vème République, coiffée de son bonnet phrygien, ont illustré la grande et la petite histoire de la vie politique française selon Faizant, qui avait quitté Le Figaro fin 2005. Grandes lunettes sur le nez, pipe éternellement au bec, amateur de cyclotourisme et père de deux enfants, Jacques Faizant ne se voulait "ni portraitiste, ni caricaturiste" mais "journaliste graphique" et s'avouait "intoxiqué d'information et de tabac". Né le 30 octobre 1918 à Laroquebrou (Cantal), il fait sa scolarité à Biarritz avant d'entrer à l'école hôtelière de Nice. Il travaillera six ans dans l'hôtellerie avant de se consacrer au dessin animé, puis au dessin humoristique, à partir de 1945. Il collabore alors à Jours de France, La Vie Catholique, puis dessine quotidiennement dans Paris-Presse avant de devenir une institution dans le Figaro et Le Point. Durant des décennies, ses deux vieilles dames, Mame Bizet et Mame Lecagneux, ont commenté l'actualité de la semaine avec naïveté et désinvolture. Comme beaucoup de grands caricaturistes, Jacques Faizant avait réussi à associer aux grands personnages publics d'invariables attributs: cochon-tirelire pour Michel Debré, parapluie pour Laurent Fabius ou chapeau pour Charles Hernu. Charles de Gaulle fut l'une des cibles préférées de ce "gaulliste de coeur". Son dessin représentant une petite Marianne en pleurs au pied d'un chêne déraciné, au lendemain de la mort du général de Gaulle, a fait date. La verve de Faizant, auteur de sept romans et de plus d'une quarantaine d'albums de dessins, s'était sensiblement renforcée au début des années 80 avec l'arrivée au pouvoir de la gauche. Il avait été progressivement relégué en pages intérieures du Figaro, avant de ranger définitivement ses crayons avec le lancement de la nouvelle formule du quotidien en octobre dernier. Dix-sept dessinateurs, issus de tous les horizons de la presse française, de Plantu à Wolinski, lui avaient rendu hommage en dessins dans les colonnes du Figaro du 31 décembre. La date de ses obsèques, qui se dérouleront dans l'intimité, n'a pas été fixée.
Rédaction
14 janvier 2006
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