Sur le banc de pierre de la propriété de Gordes, où François Mitterrand prenait chaque soir sa fille naturelle sur ses genoux, Mazarine vient aujourd'hui s'asseoir, prenant son nouveau-né dans ses bras. C'est la dernière image du "Secret", un documentaire que Solveig Anspach consacre à cette jeune femme, devenue la coqueluche des médias après avoir dû, jusqu'à 19 ans, cacher l'identité de son père. "Elle avait envie que son histoire soit racontée à travers moi", explique Solveig Anspach, qui a beaucoup parlé avec Mazarine avant de la décider, à la demande de France 3, de tourner ce document intime où la fille naturelle (mais reconnue) de l'ancien président livre ses sentiments profonds. Ni Anne Pingeot, mère de Mazarine, ni la famille officielle de l'ancien président, Danielle et ses deux fils, n'apparaissent dans ce document où l'on découvre quelques vieilles photos de François Mitterrand en "papa gâteau", ou échangeant, avec sa fille, sur un film d'amateur, des répliques empruntées à "Dallas". Mazarine se change elle-même en enquêtrice, interrogeant ses anciennes copines d'école ou ses gardes du corps, qui l'escortaient chaque jour au Lycée Henri IV et devaient eux aussi garder le "secret", y compris avec leurs propres familles. Elle a six ans en 1981 quand son père devient président. Elle se souvient de l'avoir menacé, dans sa candeur d'enfant, de voter pour Valéry Giscard d'Estaing, dont elle savait seulement qu'il était l'ennemi, pour qu'il lui lise un chapitre supplémentaire d'un livre de la comtesse de Ségur. Mazarine raconte comment tout bascule en novembre 1994, où elle passe brusquement de l'ombre à la lumière médiatique, puis l'enterrement de son père, où famille officielle et famille naturelle se rejoignent publiquement. Ce documentaire, explique-t-elle, m'a donné le courage de mettre des mots sur mon histoire. Elle a publié en même temps chez Julliard "Bouche cousue", où elle parle de ses angoisses devant le secret. "Je devais garder le secret, mais le secret, c'était moi", ajoute-t-elle. "Ce film est né de mon désir d'enfant, et donc de transmission. C'est pendant le tournage que ce désir est devenu réalité, comme s'il y avait un rapport de cause à effet entre la décision difficile de parler, et celle d'enfanter", conclut-elle. (Diffusion sur France 3 en première partie de soirée, dans la case "Passé sous silence").
Rédaction
6 janvier 2006
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