Le géant allemand des médias Bertelsmann a essuyé en l'espace de quelques jours deux revers successifs avec les déboires de sa librairie en ligne BOL et l'abandon d'un projet de fusion de ses activités d'édition musicale avec celles du britannique EMI. "Nous voulons être le numéro un dans les contenus et le commerce électronique": en septembre dernier, à l'exposition universelle de Hanovre, Thomas Middelhoff, l'emblématique patron de Bertelsmann, affichait crânement ses ambitions dans l'internet. Ce même Middelhoff préférait hier se contenter d'un communiqué pour annoncer que BOL, son site de vente en lignes de livres et de CD, présent dans 16 pays, allait être intégré à son club de livres Bertelsmann Club. Une décision ressentie par nombre d'observateurs comme un recul forcé dans sa stratégie d'expansion tous azimuts sur le "Net". Mais une mesure rendue nécessaire par des performances moins bonnes que son concurrent, l'américain Amazon, avec qui il ambitionnait pourtant de rivaliser. Le groupe de Guetersloh, qui avait d'abord repoussé sine die la mise en bourse de BOL après l'avoir programmée pour le printemps 2000, a également renoncé purement et simplement mardi à tout projet en ce sens. Certes le groupe explique officiellement cette décision par sa volonté de s'adapter aux comportements des consommateurs. Selon lui, les clients ne veulent pas se contenter de faire leurs emplettes sur la Toile. Ils souhaitent de véritables services, que son club de livres est justement en mesure de proposer. Mais face au groupe de Jeff Bezos, Bertelsmann Online (BOL), lancé sur le tard avec près de 4 ans de retard sur Amazon, reste beaucoup moins connu dans le secteur des libraires et disquaires en ligne. Au Danemark et en Norvège, les deux sites vont d'ailleurs être purement et simplement fermés. L'intégration de BOL dans le club de livres de Bertelsmann permet en outre de regrouper une activité déficitaire -- non chiffrée par Bertelsmann-- à une autre beaucoup plus rentable, relève la presse financière allemande. Ce revers, indéniable, reste néanmoins d'une ampleur limitée dans un secteur, les librairies en ligne, qui demeure à l'état de balbutiement. Plus grave en revanche, l'échec de la fusion de ses activités musicales BMG avec le groupe d'édition musicale EMI, officialisé le 1er mai. Thomas Middelhoff affichait là-aussi de grandes ambitions: se hisser au rang de numéro un mondial de la musique. Il a dû là-aussi revoir sa copie. Avant même que le mariage ne soit célébré, Bertelsmann et EMI ont dû se séparer en raison des réticences des autorités de la concurrence à leur union. Bruxelles s'inquiétait du fait qu'un rapprochement Bertelsmann/EMI aurait réduit à quatre le nombre de "majors" mondiaux de l'édition musicale. Pour se consoler, il reste à Thomas Middelhoff le succès de sa prise de contrôle de RTL Group. Cette même commission européenne a donné vendredi sa bénédiction au rachat par le géant allemand des quelque 30% de RTL Group jusqu'ici détenus par Groupe Bruxelles Lambert (GBL). Bertelsmann, qui contrôle donc maintenant 67% de RTL Group, devient de ce fait un géant de l'audiovisuel. Son groupe possède déjà une centaine de journaux et de magazines en Europe. RTL Group lui apporte en plus 24 chaînes de télévision et 17 stations de radio dans 10 pays. ------------------------------------------------------------------------
Rédaction
16 mai 2001
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