Le dégroupage total a confirmé en 2005 son décollage avec un peu plus de 500.000 clients qui ont résilié leur abonnement à France Télécom pour s'orienter vers des opérateurs alternatifs, a annoncé jeudi le président de l'Autorité de régulation du secteur (Arcep), Paul Champsaur. Le dégroupage total est la possibilité de s'affranchir totalement de France Télécom (y compris de l'abonnement) pour confier la gestion de son accès internet, de sa ligne de téléphone et éventuellement d'un accès à la télévision à un opérateur alternatif, tels Free, Neuf Cegetel ou Club Internet. France Télécom, qui comptait 27,1 millions d'abonnés grand public fin septembre, a rappelé que la France comptait le plus grand nombre de lignes dégroupées d'Europe, ce qui signifie qu'il jouait le jeu de la concurrence. "Le client a le choix et c'est normal", a déclaré une porte-parole jointe au téléphone, soulignant que le groupe comptait sur sa qualité de service et ses produits innovants pour retenir ou faire revenir sa clientèle. M. Champsaur, qui s'exprimait à l'occasion des 27e journées internationales de l'Institut de l'audiovisuel et des télécoms en Europe (Idate) à Montpellier, dressait un bilan de l'internet haut débit en France. Il a souligné qu'en l'espace de six ans, le nombre d'abonnés au haut débit était passé de 100.000 à fin 1999 à neuf millions à fin 2005, dont 2,5 millions sont en dégroupage partiel et 500.000 en dégroupage total. Outre une "croissance vigoureuse du marché", l'usage du haut débit "a également évolué" englobant désormais la téléphonie et la diffusion audiovisuelle. Ainsi, un peu plus de deux millions d'abonnés utilisent la téléphonie sur internet (ou IP pour internet protocol), soit quatre fois plus qu'il y a un an et 500.000 regardent la télévision sur ADSL, a précisé le président de l'Arcep. M. Champsaur a par ailleurs été prudent sur le développement de la fibre optique, domaine dans lequel France Télécom se dit prêt à investir à la condition de rentabiliser ses investissements, autrement dit de ne pas être pénalisé par une "sur-réglementation". Le projet consisterait à desservir chaque logement en fibre optique, lui permettant ainsi de bénéficier par exemple de plusieurs canaux vidéo en haute définition. Ce programme nécessite des investissements de plusieurs milliards d'euros, a souligné M. Champsaur selon lequel le marché ne semble pas "mûr". En France, la boucle locale en cuivre est d'une "qualité exceptionnelle" et permet des offres de qualité en triple play (internet, téléphone, télévision) à prix de marché bas, a-t-il fait valoir. Il n'a toutefois pas écarté l'hypothèse d'équiper les plus grands ensembles immobiliers. Pour les entreprises, M. Champsaur a écarté tout "scénario de développement de fibre dont les modalités conduiraient, de droit ou de fait, à une re-monopolisation du marché du haut débit professionnel". "Autre fait majeur" de 2005, selon M. Champsaur, l'essor de la 3G (téléphonie mobile de troisième génération qui permet la transmission de données à haut débit) qui en septembre 2005 comptait 50 millions de clients dans le monde. La demande des consommateurs est au rendez-vous, au point, a souligné le président de l'Arcep, que le haut débit mobile commence à être considéré comme "un média à part entière". Toujours concernant le mobile, M. Champsaur a demandé que des discussions soient lancées au niveau européen pour une "harmonisation" des fréquences qui vont être libérées lors de l'abandon de la télévision analogique. Ce travail constituerait "un signal très fort à destination de l'industrie européenne et française afin que celle-ci engage les efforts de recherche et développement nécessaires (...) faute de quoi notre industrie laissera le champ libre à d'autres acteurs". Un peu plus tôt dans la journée, l'Arcep et les pouvoirs publics avaient été interpellés par le président du directoire du groupe Vivendi Universal, Jean-Bernard Levy, qui appelait à des règles "simples et rapides" à propos de la télévision sur téléphone portable.
Rédaction
25 novembre 2005
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