La Tunisie a réussi son pari d'organiser le Sommet mondial sur la société de l'information (SMSI) mais cette grande messe onusienne a été l'occasion de rappeler aux autorités du pays hôte le besoin de respecter la liberté de l'information et les droits de l'homme. Qualifié de "sommet des solutions" par le président tunisien Zine El Abidine Ben Ali, lors de la cérémonie de clôture, vendredi, le SMSI a rassemblé plus de 18.000 participants durant trois jours à Tunis, constituant la plus grande réunion sous l'égide de l'Onu jamais organisée. Les autorités tunisiennes avaient déployé des efforts considérables pour organiser ce sommet et les travaux des représentants de 176 pays, des milieux industriels et de la société civile se sont déroulés sans incident. "Magnifique couronnement", a titré samedi sur toute sa Une le journal gouvernemental La Presse, soulignant que "les résultats ont dépassé toutes les prévisions". Malgré l'absence de nombreux chefs d'Etat occidentaux, le SMSI s'est conclu sur une promesse des pays riches d'aider ceux du Sud à participer à la révolution numérique. Ses travaux, jusqu'alors consacrés seulement aux aspects technologiques de la communication, ont aussi été marqués par la circulation de l'information comme enjeu politique global. Les Etats membres ont ainsi adopté un "Engagement de Tunis", qui se réfère à la Déclaration universelle des droits de l'homme, pour souligner la nécessité de respecter la liberté d'expression. Le choix de la Tunisie avait été critiqué par des opposants et des organisations de défense des droits de l'homme qui accusent ce pays de restreindre cette liberté. Pourtant proche allié de la Tunisie, les Etats-Unis ont exprimé vendredi leur "déception de voir que le gouvernement tunisien n'a pas tiré profit de cette importante manifestation pour démontrer son engagement pour la liberté d'expression et de réunion". Le ministre français de l'Economie, Thierry Breton, avait qualifié la veille la liberté de la presse de "moteur essentiel du développement fulgurant de l'internet". Le même jour, Robert Ménard, le dirigeant de l'organisation française Reporters sans frontières qui accuse les autorités tunisiennes de réprimer des internautes, avait été refoulé à l'aéroport de Tunis. Quelques jours avant l'ouverture du sommet, l'agression d'un journaliste français venu enquêter à Tunis sur les droits de l'homme avait suscité de vives critiques en France. "Il n'est pas acceptable que l'Onu compte encore parmi ses membres des Etats qui emprisonnent des citoyens au seul motif qu'ils ont critiqué leur gouvernement sur l'internet ou dans la presse", a déclaré à Tunis Samuel Schmid le président de la Suisse, pays hôte du précédent sommet. Huit opposants tunisiens, en grève de la faim depuis un mois, ont mis fin à leur mouvement vendredi, leurs revendications sur les libertés publiques ayant eu un large écho grâce à la présence de milliers de journalistes et de défenseurs des droits de l'homme au SMSI. Amnesty International (AI) a déploré les atteintes aux libertés d'expression et de réunion durant le SMSI. Le chef de sa délégation, Javier Zuniga, a demandé à l'Onu lors d'une conférence de presse samedi à Tunis l'ouverture d'une enquête à ce sujet.
Rédaction
20 novembre 2005
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