Après "93 rue Lauriston", Canal+ poursuit sa nouvelle politique de fiction traitant de périodes fortes contemporaines, avec la diffusion à 20h55 de "Nuit noire" sur la manifestation des Algériens du 17 octobre 1961 réprimée dans le sang. Sur un scénario de Patrick Rotman, auteur de trois ouvrages sur la guerre d'Algérie "Les porteurs de valises" (1979), "La guerre sans nom" (1992) et "L'ennemi intime" (2002), Alain Tasma a réalisé un film noir et rigoureux sur un épisode sanglant et occulté pendant 30 ans, reconstituant le climat de guerre en plein Paris. Le 17 octobre 1961, 30.000 Algériens venus des banlieues manifestent pacifiquement à l'appel de l'organisation clandestine du FLN contre le "couvre-feu" instauré par le préfet de police Maurice Papon. Celui-ci voulait enrayer la guerre que se livraient dans Paris les commandos de choc du FLN et les forces de police. Reflétant ce climat de violence et de haine brute alors que la guerre d'Algérie a franchi la Méditerranée et que de Gaulle tente d'y mettre fin, le film "Nuit noire" se veut sans concessions. Tourné à Paris (le pont de l'île Saint Denis figure le pont de Neuilly), avec un souci extraordinaire d'exactitude dans la décoration des intérieurs, les vêtements, les véhicules sous la houlette du chef décorateur Emile Ghigo, "Nuit noire" croise les destins de plusieurs personnages de la rue à la préfecture. Couleurs grisées sur fond sonore de Dalida, l'époque du twist est aussi celle des "ratonnades" et du bidonville de Nanterre.
Rédaction
7 juin 2005
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