Rédaction
7 avril 2001

Les Quinze se sont mis d'accord pour lancer le projet européen de navigation par satellite Galileo qui garantira l'indépendance de l'Union européenne par rapport aux Etats-Unis dans ce secteur, a annoncé la présidence suédoise de l'UE. Réunis à Luxembourg, les ministres européens des Transports ont décidé d'un premier financement public de 100 millions d'euros pour initier la phase de développement du projet dont le coût global est évalué à 3,25 milliards d'euros. Le secteur privé sera associé au projet et un appel d'offres sera lancé le plus rapidement possible, afin que ses résultats soient connus au plus tard en novembre. "Il s'agit d'une décision clé pour faire aboutir le projet technologique le plus ambitieux de l'UE", s'est réjouie Loyola de Palacio, vice-présidente de la Commission européenne chargée des Transports. Galileo a pour ambition de concurrencer le système américain GPS (Global Positioning System). La Russie dispose d'un système analogue avec GLONASS. Ces deux systèmes sont contrôlés par les militaires. Le projet Galileo se compose de quatre phases essentielles: phase de définition (terminée), phase de développement (2001-2006), phase de "deploiement" (2006-2008) et phase "opérationnelle" (à partir de 2008). Un financement de 1,1 milliard d'euros est prévu pour la phase de développement, qui incombera en grande partie à l'Union européenne et à l'Agence spatiale européenne. Toutefois, une dizaine d'entreprises privées ont d'ores et déjà prévu de s'engager à hauteur de 200 millions d'euros dans cette première phase. Ces entreprises, parmi lesquelles le groupe franco-britannique Thales (ex-Thomson CSF), avaient lié le déblocage de cette somme à l'accord des Quinze sur le lancement de Galileo. Au fur et à mesure de l'avancement de Galileo, il est prévu que la part du secteur privé prenne de plus en plus d'importance, jusqu'à un désengageement total du secteur public: ainsi la phase de "déploiement" --d'un montant global de 2,1 milliards d'euros-- doit être financée à hauteur de 1,5 milliard par le privé. Plus aucun financement public n'est prévu dans la dernière phase "opérationnelle". Galileo doit être constitué d'un réseau de trente satellites, d'une durée de vie d'au moins dix ans. Une fois opérationnel, les frais de maintenance seront d'environ 200 millions d'euros par an. Actuellement, les Européens sont entièrement dépendants des systèmes américain et russe. Ils utilisent la technologie américaine de positionnement par satellite pour la navigation aérienne, maritime et automobile, de plus en plus de voitures étant équipées d'ordinateurs permettant au conducteur de se repérer n'importe où. Mais la radionavigation par satellite a également des implications sur d'autres secteurs tels que l'agriculture, la pêche ou la finance. Quant à d'éventuelles implications militaires de Galileo, elles sont exclues, a affirmé Jean-Claude Gayssot, ministre français des Transports. "C'est un programme civil sous le contrôle des autorités civiles", a-t-il dit en se réjouissant de l'accord auquel sont parvenus les Quinze. Même affirmation du côté de la Commission européenne. Mais la Grèce a cependant tenu à publier une délaration unilatérale dans laquelle elle souhaite que les possibilités d'utilisation de Galileo "restent ouvertes". Les ministres des Transports évalueront en décembre les résultats de l'appel d'offres et confirmeront, sauf accident, le lancement et l'architecture définitive du projet.

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