Entamant sa campagne pour le "oui" au référendum, le président Jacques Chirac répondra le 14 avril en direct sur TF1 aux questions de 80 jeunes Français, une formule que la chaîne juge "libre et spontanée" mais dans laquelle certains voient de l'"information spectacle". Selon Robert Namias, directeur général adjoint, en charge de l'information, interrogé par l'AFP, cette émission, diffusée en début de soirée, à une heure de grande écoute, "prendra la forme d'un dialogue direct, d'un échange spontané et libre" entre les jeunes et le chef de l'Etat. Mais les sociétés de journalistes de trois autres chaînes (France 2, France 3, M6) y voient le "triomphe du marketing politique et de l'information spectacle au mépris du journalisme". Diffusé depuis la salle des fêtes de l'Elysée, l'émission présentée par le journaliste de TF1 Patrick Poivre d'Arvor, confrontera le chef de l'Etat à 80 jeunes, choisis par TNS Sofres, selon un système de quotas, pour représenter "au mieux" les jeunes Français. "Agés de 18 à 25 ans, ils seront issus de tous les milieux, de toutes les régions de France. Il y aura parmi eux des partisans du +oui+ au référendum du 29 mai sur la constitution européenne aussi bien que des partisans du +non+", souligne Robert Namias. L'émission abordera trois thèmes: l'enjeu du référendum, les perspectives pour la France en Europe et la place de l'Europe dans le monde. Venus d'autres chaînes, deux animateurs et un journaliste orchestreront chaque thème, Jean-Luc Delarue (France 2), Marc-Olivier Fogiel (France 3), et le journaliste Emmanuel Chain (M6). "Aucun spécialiste politique ne sera présent sur ce plateau validé par l'Elysée", s'indignent dans un communiqué les trois sociétés de journalistes (soit environ 600 journalistes) des chaînes auxquelles TF1 a emprunté les animateurs de cette soirée. De son côté, Robert Namias souligne la qualité des intervenants qui entoureront le chef de l'Etat dans cet exercice relativement inédit, Patrick Poivre d'Arvor, "l'un des meilleurs interviewers sur la place de Paris", Emmanuel Chain, "journaliste de qualité", Jean-Claude Delarue et Marc-Olivier Fogiel, "animateurs de débat connus et reconnus". Le concept de l'émission a été mis au point avec l'Elysée, mais on souligne à TF1 qu'il a été "imaginé et conçu à 100%" par la chaîne, qui l'avait proposé depuis plusieurs semaines à la présidence. Selon TF1, l'émission ne peut d'ailleurs être source de déséquilibre dans la campagne référendaire. Robert Namias rappelle que le temps de parole du président de la République n'est traditionnellement pas décompté par le Conseil supérieur de l'audiovisuel, qui veille à ce que le temps accordé par les télévisions aux partisans du "oui" soit égal à celui des partisans du "non". TF1 diffusera, le 9 mai, en début de soirée, un débat où les leaders de quatre formations politiques favorables au "oui" affronteront les leaders de quatre mouvements partisans du "non". Mais les journalistes des autres chaînes, reprenant des critiques déjà lancées contre d'autres chaînes, où des hommes politiques étaient les invités d'émissions dites de variétés, déplorent une "confusion des genres entre information et spectacle", qui devient "la règle en matière de débat politique".
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