Premiere
 

Rédaction
23 février 2005

L'introduction en Bourse de la chaîne allemande à péage Premiere, prévue le 9 mars, s'annonce comme l'une des plus importantes du secteur des médias en Europe depuis des années, avec un volume de plus d'un milliard d'euros. Entre 24 et 28 euros l'action, telle est la fourchette de prix annoncée par la chaîne , à un peu plus de deux semaines de son grand plongeon boursier. Le prix définitif sera fixé à l'issue de la période de souscription des investisseurs, vraisemblablement le 8 mars. Au final, cette entrée en Bourse devrait atteindre un volume de jusqu'à 1,179 milliard d'euros. La part du capital de l'entreprise placée en Bourse devait atteindre 51,3%, ce qui, selon ses dirigeants, en fait d'ores et déjà une candidate sérieuse pour une cotation sur le MDAX, l'indice des valeurs moyennes de la Bourse de Francfort. "Nous voyons de bonnes chances d'être représentés dans le MDAX dans les 12 à 18 mois", a d'ailleurs affirmé son patron, Georg Kofler. Quelle qu'en soit l'issue, cette entrée en Bourse s'annonce comme la plus importante dans le secteur des médias en Allemagne depuis 1997. A l'époque c'est la chaîne ProSieben qui avait effectué le grand saut, une opération menée tambour battant par son patron d'alors... Georg Kofler. Premiere va également rejoindre ses grands concurrents européens, Canal + et BSkyB, cotés depuis plusieurs années déjà. La chaîne bavaroise revient de loin. Il y a tout juste trois ans, tout le monde la donnait pour morte et sa faillite semblait inéluctable. Filiale de l'empire des médias de Leo Kirch, elle perdait chaque jour près de deux millions d'euros et semblait devoir être emportée dans les décombres de sa maison mère aujourd'hui démantelée. Mais Georg Kofler tente alors l'opération de la dernière chance. A coup de campagnes publicitaires racoleuses, il parvient à attirer de nouveaux clients en leur proposant des abonnements à bas prix. L'homme ne recule devant rien: les nouveaux programmes de la chaîne font la part belle aux films érotiques. Il investit par ailleurs ses propres économies et rachète plus de 20% du capital. Quant aux 2.400 salariés d'alors, 1.000 d'entre eux doivent prendre la porte dans les mois qui suivent l'annonce du plan de restructuration. Georg Kofler convainc également un fonds d'investissement, Permira, d'acquérir la majorité du capital (54,76%). Trois ans plus tard, les résultats sont là. La chaîne n'a jamais eu autant d'abonnés: 3,25 millions en Allemagne et en Autriche. Pour la première fois de son histoire, elle a également enregistré un bénéfice au niveau de l'exploitation l'an dernier avec un excédent brut (EBITDA) à 82,9 millions d'euros, contre une perte brute d'exploitation de 21,2 millions d'euros l'année précédente. Pour autant, l'avenir ne semble pas aussi rose que M. Kofler voudrait le faire croire aux actionnaires potentiels. Comparé à une chaîne comme BskyB qui dispose de 7,4 millions d'abonnés, Premiere demeure une petite chaîne, d'autant qu'elle doit rivaliser avec quelque 30 chaînes câblées solidement implantées en Allemagne. Dans un pays où le football est roi, Premiere attire des abonnés parce qu'elle détient l'exclusivité sur la diffusion en direct des matches de première division. Elle a aussi décroché l'an dernier un contrat qui lui permettra de retransmettre en direct l'ensemble des 64 matches de la Coupe du monde de football de 2006 en Allemagne, dont huit en exclusivité. Mais ses droits sur la Bundesliga, pour lesquels elle débourse quelque 180 millions d'euros par saison, ne courent que jusqu'à la fin de la saison 2006. Et d'autres chaînes lorgnent déjà sur l'appétissant gâteau.

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