La décision de câble-opérateurs libanais d'interrompre la diffusion de TV5 est "une mauvaise réponse" à la décision de la justice française d'interdire Al-Manar en France, a indiqué le directeur de l'information de la chaîne francophone, en visite à Beyrouth. "Cette mesure de rétorsion est une mauvaise réponse compte tenu du caractère multiculturel et multinational de TV5 qui n'est pas une chaîne française", a affirmé Philippe Dessaint qui a dit avoir rencontré mercredi des responsables d'Al-Manar, la télévision du Hezbollah chiite libanais. Cette rencontre a eu lieu dans le cadre des entretiens du responsable de TV5 venu à Beyrouth "expliquer" ce qu'est la chaîne francophone à ses interlocuteurs, et "plaider pour son maintien sur l'ensemble des réseaux câblés". "Nous voulons développer notre partenariat avec le Liban, compte tenu de son rôle dans la francophonie. Nous envisageons une émission sur la vie politique libanaise dans la perspective des élections législatives" du printemps, a-t-il poursuivi. "Priver les téléspectateurs libanais de TV5 n'est pas la réponse appropriée", et ce d'autant plus qu'il ne s'agit "ni d'une décision politique, ni d'une décision de justice" de la part du Liban, a-t-il expliqué. Une cinquantaine d'opérateurs privés libanais ont interrompu le week-end dernier la diffusion câblée de TV5 à leurs clients dans une partie de Beyrouth et sa banlieue sud, fief du Hezbollah, en signe de solidarité avec Al-Manar, désormais interdite en France. La grande majorité de ces opérateurs fonctionnent de façon illégale en l'absence de régulation officielle. Les programmes de TV5, très prisés au Liban, continuent cependant à être retransmis normalement sur la télévision officielle libanaise Télé-Liban. Le Liban, a-t-il expliqué, est l'un des rares pays a recevoir TV5 à la fois par voie satellitaire et hertzienne, cette dernière grâce à une convention signée avec Télé-Liban et actuellement en cours de renégociation. Accusée de tenir des propos racistes et antisémites, Al-Manar a cessé dernièrement d'émettre via l'opérateur satellitaire Eutelsat, se conformant ainsi à une décision prise par la justice française.