Je ne voulais pas faire un film historique mais un objet surprenant": le scénariste Jean-Claude Grumberg a parfaitement atteint son but avec la fiction "93 rue Lauriston", diffusée à 21H00 sur Canal+ (en crypté). Inaugurant la nouvelle politique de fiction française de la chaîne, "proposer un regard d'auteur sur une période sombre de notre passé récent" comme l'explique le directeur de la fiction française Fabrice de la Patellière, "93 rue Lauriston" est un film "coup à l'estomac". "On ne cherche pas le scandale ni à choquer", précise-t-il, sans ignorer que cette fiction sur la Gestapo française, réalisée par Denys Granier-Deferre, dérange et pourrait provoquer la polémique. Basée sur des faits et des personnages réels, la bande de Bony (Christian Charmetant) et Lafont (Daniel Russo), "93 rue Lauriston" rouvre le dossier d'une période honteuse de la France de l'Occupation. "La carlingue", dont le nom fait aujourd'hui encore frémir, était le QG des truands français qui y menaient leur travail de basse police, torturaient les juifs et les résistants. "On a stylisé une horreur", explique Denys Granier-Defferre à propos de la représentation de la rue Lauriston, avec une baignoire au milieu d'une pièce. La fiction s'ouvre sur l'arrestation par l'inspecteur Blot (formidable Michel Blanc) de Bony et Lafont fin 1944. Ils seront exécutés après procès. Daniel Russo campe Lafont, enfant de l'assistance publique, petit truand débrouillard, qui commet les pires horreurs sous l'uniforme allemand et se fait appeler "patron". Il n'exprimera ni remords ni regret. "Je ne voulais pas faire malgré moi un film hagiographique sur ces gens là. Je ne voulais pas être uniquement dans la déshumanisation. Les circonstances sont le thème du film," indique Jean-Claude Grumberg, précisant que sa "spécialité, c'est parler des victimes". Il a notamment été coscénariste du film de Costa-Gavras "Amen", récemment diffusé sur TF1.
Rédaction
14 décembre 2004
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