L'interview non autorisée du responsable d'Action directe Jean-Marc Rouillan, accordée à des journalistes de France Culture par téléphone depuis la centrale d'Arles où il est incarcéré, a provoqué mercredi une enquête administrative, même si sa diffusion a pour le moment été reportée. "Les services de la Chancellerie n'ont en aucun cas accordé une autorisation d'interview de ce détenu", a indiqué mercredi la direction de l'Administration pénitentiaire, ajoutant que "le ministère de la justice a donc ordonné une enquête administrative pour établir les circonstances dans lesquelles elle a été rendue possible". La direction de la centrale d'Arles (Bouches-du-Rhône) s'est immédiatement défendue d'une quelconque faute de ses services. L'interview a été réalisée jeudi dernier par le journaliste de France Culture Antoine Mercier chez Catherine Vieu-Charier, membre de la commission justice du Parti communiste, qui milite notamment pour l'amélioration des conditions de détention des leaders d'Action Directe, et est titulaire d'un permis de visite à Rouillan depuis l'an dernier. C'est à elle que Rouillan, incarcéré depuis 14 ans, a téléphoné depuis la centrale d'Arles (Bouches-du-Rhône) où il se trouve actuellement, a-t-elle indiqué à l'AFP ajoutant qu'elle "prend l'entière responsabilité" de cette affaire. Selon l'article D417 du code de procédure pénale, "les condamnés incarcérés dans les établissements pour peine peuvent être autorisés à téléphoner par le chef de l'établissement, dans des circonstances familiales ou personnelles importantes. L'identité du correspondant et le contenu de la conversation sont contrôlés". Le régime plus souple des centres de détention s'applique dans les centrales. "M. Rouillan a appelé un proche qui était autorisé à recevoir son appel. Si on me parle de délit, je ne vois pas bien comment le qualifier. Un détenu peut avoir un ami journaliste: il est alors difficile de dire où se termine la conversation amicale et où commence l'interview", a expliqué à l'AFP le directeur par intérim de la centrale d'Arles, Jean-Jacques Payrraud. Cette interview, qui devait être diffusée mercredi matin, ne l'a finalement pas été, la directrice de France Culture Laure Adler ayant à la dernière minute voulu se donner "le temps de la réflexion" et avoir l'aval de Jean-Marie Cavada, PDG de la radio. Elle a toutefois été partiellement diffusée mardi soir sur LCI. L'interview avait été communiqué aux médias avant sa diffusion prévue par France Culture. Dans cette interview, dont le texte a été divulgué, Rouillan affirme qu'il "reste un détenu politique", explique qu'il "lutte actuellement bien sûr" car "le combat révolutionnaire est multiple" et "écrit des textes", et fait en outre une description de ses sept premières années d'incarcération à Fresnes. Les quatre leaders d'Action Directe -Jean-Marc Rouillan, sa femme Nathalie Ménigon, Joëlle Aubron et Georges Cipriani- arrêtés en février 1987, ont été condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité pour plusieurs attentats et assassinats.
Rédaction
8 mars 2001
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