Arte diffuse ce mardi 27 février un reportage de l'agence Capa sur les efforts d'un groupe de policiers noirs pour tenter de prémunir les membres des minorités contre les bavures commises par leur collègues. Membres de l'association "100 Black Law Enforcement Officers who care", non reconnue par la hiérarchie du New York Police Department (NYPD), ils organisent pendant leur temps libre des séminaires dans les quartiers défavorisés au cours desquels ils enseignent aux jeunes la façon de se comporter pour limiter les risques lors de contrôles d'identité. Au cours de jeux de rôles, ils miment une arrestation ou un contrôle à bord d'une voiture, expliquant la peur ressentie par les policiers et les gestes à bannir pour éviter une bavure. Le NYPD ne compte que 4.100 policiers noirs, soit 13% des effectifs, alors que les minorités représentent 60% de la population de la ville. Pour Dereon Willis, qui a longtemps patrouillé en civil les rues chaudes de Brooklyn, c'est l'une des clefs de la situation. "Si vous avez un flic qui n'a pas grandi dans le quartier, qui est parachuté dans le coin et qui passe son temps à courir après les 10% de voyous qui trainent, s'il n'a pas de racines ici alors il tirera la conclusion que tout le monde dans le quartier est mauvais". Son partenaire, Champion Nichols, ajoute: "J'ai l'habitude de dire aux gens: 'Ne donnez pas à un bon flic une raison de vous tuer et ne donnez pas à un mauvais flic une excuse pour vous tuer'". Au cours des six dernières années, plus de 3.500 procès pour abus de pouvoir ou brutalité ont déjà coûté à la ville plus de 1,3 milliard de FF de dommages et intérêts. "L'idée est de montrer le racisme à travers les yeux de policiers noirs", explique Maria-Pia Mascaro, co-réalisatrice du film avec Alexis Marant. "Ils sont à la fois membres d'une communauté victime du racisme ordinaire, et en tant que flics, connaissent la pression qui peut s'exercer sur des policers en fonction. Cette ambivalence permet un regard plus objectif sur le racisme au sein du NYPD".