Le groupe de médias allemand du magnat Leo Kirch va encore agrandir son empire de droits télévisés dans le sport, avec après le football la Formule-1, grâce à son entrée dans le capital du gestionnaire de droits audiovisuels EM.TV et donc dans la société des droits télévisés de F1, la SLEC, du Britannique Bernie Ecclestone. Après des mois de négociations et un pré-accord (Memorandum of Understanding) signé le 4 décembre dernier, qui sert de base à l'accord final, selon EM.TV, Leo Kirch a finalement emporté la mise, moyennant une substantielle injection de plusieurs milliards de marks dans EM.TV, une jeune entreprise qui, après avoir connu une croissance météorique, a vu le cours de son action perdre plus de 90% de sa valeur au cours des derniers mois à la suite de résultats très en-deçà des attentes. La société munichoise était sortie de l'anonymat il y a moins d'un an en acquérant à la surprise générale la moitié de la société de Bernie Ecclestone. Après sa déconfiture boursière, EM.TV était la proie de toutes les convoitises en raison de ses 50% dans la SLEC et son flamboyant patron, Thomas Haffa, était aux abois et à la recherche désespérée d'un allié financier. En décembre, Kirch et EM.TV s'étaient mis d'accord sur l'entrée du magnat au capital d'EM.TV, avec une participation minoritaire (16,74% des actions et 25% des droits de vote). Dans le communiqué publié par EM.TV mercredi soir, il est précisé que les deux partenaires vont détenir 75% des parts de la SLEC, Leo Kirch apportant l'argent frais nécessaire pour qu'EM.TV exerce l'option qu'elle a sur 25 des 50% de parts encore détenues par Bernie Ecclestone et cela pour un milliard de dollars (1,1 milliard d'euros). De plus, Kirch acquiert près de la moitié des 50% de la SLEC déjà entre les mains de Thomas Haffa, moyennant 281 millions d'euros (259 millions de dollars). La mise à disposition des lucratifs droits télé de la F1 du fait de l'effondrement financier d'EM.TV avait aussitôt déclenché une formidable bataille entre groupes audiovisuels, constructeurs automobiles, investisseurs, banquiers, avec au centre Bernie Ecclestone. Le principal objectif de Thomas Haffa étant de pouvoir rester dans la F1 -- le deuxième pilier de l'activité d'EM.TV, la gestion de droits de dessins animés ou d'émissions pour enfants, comme le Muppet Show, acquis l'an dernier, ne donnant pas le rendement espéré -- il recherchait donc désespérément un partenaire. Leo Kirch, chez qui Thomas Haffa a fait ses classes, déjà détenteur des droits télévisés des Coupes du monde de football 2002 et 2006, voyait là se présenter l'aubaine d'obtenir une part du "gâteau" de la F1 pour ses chaînes de télévision, notamment les chaînes câblées Sat-1 et DSF, ainsi que la chaîne cryptée Premiere World. Parmi ses concurrents malheureux, la presse citait la banque d'investissements américaine Hellman & Friedmann et un consortium comprenant la banque publique allemande WestLB, la société d'investissement britannique Morgan Grenfell (Deutsche Bank) et la société audiovisuelle munichoise Tele Muenchen Gruppe, ainsi que le patron sortant d'Adidas-Salomon, le Français Robert-Louis Dreyfus.
Rédaction
15 février 2001
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