La chaîne de télévision russe NTV a interdit dimanche "à la demande des services de sécurité" la diffusion d'une interview de la veuve du leader tchétchène Zelimkhan Iandarbiev tué le 13 février dans un attentat à Doha, a rapporté le quotidien Kommersant. Les responsables de NTV n'étaient pas joignables lundi matin pour commenter cette décision, contenue dans une note de service signée par un haut responsable de la chaîne et dont Kommersant publie une photocopie. L'interview ainsi que le texte du reportage sur le procès de deux agents russes inculpés pour le meurtre de Iandarbiev et jugés actuellement au Qatar étaient disponibles lundi sur le site de la chaîne ntv.ru. Dans cette interview, qui ne contient aucune révélation, Malika Iandarbieva décrit le physique d'un agent russe, raconte une visite de l'émir du Qatar et de son épouse après l'attentat et récite un poème lyrique écrit par son mari. Les détails du procès des deux Russes sont gardés secrets et l'avocat des accusés Dmitri Afanassiev a même refusé de préciser les noms de ses clients lors de l'unique conférence de presse donnée à Moscou fin avril. Selon Leonid Parfenov, présentateur de l'émission hebdomadaire Namedni, qui avait commandé le reportage, ce dernier est passé sur les ondes dans l'Extrême-Orient mais sa diffusion a été interdite sur la partie européenne de la Russie par le numéro deux de NTV Alexandre Guerassimov. L'incident a été vivement critiqué lundi par le secrétaire général de l'Union des journalistes russes Igor Iakovenko. L'interdiction d'un sujet "est très nuisible pour la société et le pouvoir", a déclaré M. Iakovenko sur la radio Echo de Moscou. Selon lui, le président Vladimir Poutine devient lui-même "victime de la censure", ne recevant plus d'information objective et indépendante sur la Tchétchénie. Ainsi, "les chaînes publiques montrent avec enthousiasme les progrès de la reconstruction de la Tchétchénie (...) alors que le cauchemar (meurtres de soldats russes comme de civils) continue à huis clos", a-t-il ajouté.