Dieudonné
 

Rédaction
27 mai 2004

Le tribunal correctionnel de Paris rendra jeudi sa décision contre l'humoriste Dieudonné, poursuivi pour un sketch diffusé en décembre 2003 sur France 3, qualifié d'antisémite et qui avait provoqué de nombreuses réactions et annulations de spectacles. Pour l'accusation, ce sketch, dans lequel Dieudonné M'Bala M'Bala -de son vrai nom- apparaissait déguisé en juif orthodoxe, était une diffamation raciale car il jetait le discrédit sur l'ensemble de la communauté juive. 10.000 euros d'amende avaient été requis. La défense avait expliqué qu'il s'agissait d'une "caricature du colon israélien, intégriste, extrémiste, militaire" et plaidé l'humour et le droit à la liberté d'expression. Le 1er décembre 2003, invité en direct de l'émission de Marc-Olivier Fogiel "On ne peut pas plaire à tout le monde" pour faire une "nécrologie" humoristique de Jamel Debbouze, Dieudonné était apparu coiffé avec les papillotes et le chapeau noir caractéristiques des juifs orthodoxes. Considéré comme antisémite, le sketch, qui faisait référence à un "axe américano-sioniste", avait déclenché de nombreuses réactions, y compris du Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, une mise en garde à France 3 du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), ainsi que des excuses du présentateur de l'émission et de France 3. Ce sketch avait conduit plusieurs salles de spectacle, notamment l'Olympia à Paris, à annuler des spectacles en raison de l'ampleur du dispositif de sécurité nécessaire du fait de lettres de menaces condamnant ce sketch. A l'audience, le 2 avril, Dieudonné s'était dit "étonné de la polémique déclenchée par le sketch" et avait notamment expliqué que son salut bras tendu à la fin de son intervention était un salut romain et non hitlérien et qu'il n'avait pas dit "Heil Israël" mais seulement "Israël". Pour le procureur, Laurent Zuchowicz, l'humoriste a fait un "amalgame", une "confusion" entre le juif religieux (représenté par le chapeau et les papillotes) et la politique hégémonique impérialiste prônée par certains colons israéliens. Il avait ajouté que Dieudonné avait fait preuve d'"ignorance, de préjugé et d'impréparation". Plusieurs associations comme la Licra, l'Union des étudiants juifs de France et le consistoire israélite de France se sont portées partie civile.

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