Rédaction
8 avril 2001

Un journaliste vedette de la chaine de télévision russe NTV a annoncé hier sa démission pour protester contre la tactique de l'ancien directeur dans le conflit qui oppose la rédaction à la nouvelle direction. Dans une lettre ouverte au directeur général démis Evgueni Kisselev publiée par le quotidien Kommersant, Leonid Parfionev, un des reporters les plus populaires de NTV, l'accuse d'avoir provoqué la fin de la seule chaine de télévision indépendante de Russie dans son conflit avec le Kremlin. "Vous nous prenez pour de la chair à canon et détenez votre équipe en otage", écrit-il. La démission de Parfioneov et ses accusations représentent les premiers signes de dissensions internes au sein des 400 salariés de NTV qui se sont mis en grève pour s'opposer à la reprise de la chaine par la société nationalisée Gazprom. Les journalistes affirment que Gazprom agit en faveur du Kremlin qui veut réduire au silence le média le plus critique du président Vladimir Poutine. Mais Parfionev, seul reporter de NTV à figurer parmi la direction nommée par Gazprom, suggère que Kisseliev, un des fondateurs de NTV, est plus interessé à garder le controle de la société qu'à défendre la cause de la liberté. "Je ne veux pas savoir si vous brulez tout sur les ordres de quelqu'un ou de votre propre initiative. Mais dans notre quartier général, sous votre bannière, toute liberté de parole a disparu", dit-il. Le groupe de presse Media-Most, dirigé par l'homme d'affaires Vladimir Goussinski détient au total 49,5% de NTV, mais 19% ont été gelés par la justice dans le cadre de la dette envers Gazprom qui détient 46% de la chaîne. L'Etat est l'actionnaire principal du groupe gazier. M. Goussinski est actuellement en résidence surveillée en Espagne à la demande de Moscou qui réclame son extradition pour "escroquerie". Les journalistes de NTV, qui estiment illégal le passage par voie judiciaire de la chaîne indépendante dans le giron de Gazprom refusent d'obéir à la nouvelle direction.

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